1977 ALPINE A310 GTP POISSON DIEPPOIS
L'unique Alpine A310 des 24 Heures du Mans
Conservée durant 41 ans par Bernard Decure
Restaurée et engagée au Mans Classic 2018
ELIGIBILITE
LE MANS CLASSIC
CLASSIC ENDURANCE RACING by PETER AUTO
DEMANDE DE RENSEIGNEMENTS
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
PRIX
SUR DEMANDE
Marque
ALPINE
Modèle
A310 GTP
Année
1977
No de châssis
NEANT
Châssis
ACIER
Carrosserie
FIBRE DE VERRE
Moteur
PRV 6 CYLINDRES
Puissance
230 CH. @ 8 500 T/MIN
Boite de vitesse
GETRAG 5 VITESSES
Poids
925 KG
Alpine A310 V6 « Poisson Dieppois » GTP
L’histoire d’Alpine est liée à celle des 24 Heures du Mans, avec des voitures devenues mythiques engagées dans la grande course : Alpine A110 et Alpine A210 succédèrent aux M63, M64 et M65 qui ont ouvert la voie au début des années 60. Puis, avec le support de Renault, Alpine engage des A442 (A et B) et A443, avec comme point culminant la victoire au général lors des 24 Heures du Mans 1978. Dans cette histoire riche entre le constructeur français et Le Mans – qui continue de nos jours - une seule A310 sera engagée ! Pourtant produite à plus de 10 000 exemplaires dans sa version routière, elle ne sera vue qu’une seule fois, en 1977, grâce à une initiative privée menée par Bernard Decure. Cette Alpine A310 V6 unique par bien des aspects est aujourd’hui en vente.
Une Alpine A310 V6 aux allures de prototype
Inspecteur technique chez Alpine dans les années 70 et pilote en circuit et course de côte, Bernard Decure découvre, laissé dans un coin d’atelier, une Alpine A310. Nous sommes alors en 1976. Le Rouennais l’achète et se fixe comme objectif de disputer les 24 Heures du Mans. La voiture mise de côté par les équipes d’Alpine avait, durant l’hiver 74-75, été l’objet d’un travail de fond. Mauro Bianchi avait développé le châssis et François Castaing le moteur, pour donner naissance à une Alpine A310 « Groupe 5 ». De jeunes ingénieurs de l'usine Renault Gordini de Viry Châtillon dont Jean Pierre Boudy ont travaillé sur cette auto pour en faire une bête de 320 chevaux et 800 kg seulement. Elle disposait alors d’un V6 tout alu Renault-Gordini et d’un châssis poutre, ainsi que d’une carrosserie en polyester allégé. La base était une caisse de 310 1600, embarquant un moteur 2,8 litres très léger à injection Lucas.
Abandonnée par Alpine-Renault – qui développera ensuite une Alpine Renault A310 V6 pour le rallye – la voiture fut donc acquise par Bernard Decure… mais sans son moteur ! La base PRV constituait pourtant le cœur de la bête, mais aussi la raison de l’arrêt du programme, avec des coûts excessifs. Qu’importe. Bernard Decure achète la voiture et demande officiellement à Gérard Larrousse un soutien, qui ne viendra jamais. La maison mère ne veut pas que le nom Alpine-Renault soit associé à cette initiative « privée », alors que dans le même temps les efforts sont consacrés aux A442 pour la victoire au général.
3500 heures de travail
C’est avec l’aide du motoriste Marc Guerbert (notamment) que Bernard Decure prépare l’A310 V6, dans le sous-sol de sa maison à Cléon. 3 500 heures de travail sont nécessaires pour que la voiture soit conforme au règlement GTP de l’époque. On retrouvait dans cette catégorie des voitures bien différentes : une Inaltera LM77, une WM P76, une Aston Martin DBS V8 et enfin une Lancia Stratos. Eclectique.
Née comme une sorte de prototype et animée par Mauro Bianchi, l’alpine A310 V6 à moteur atmosphérique est en 1977 bien plus proche d’une « grosse GT » avec son moteur PRV de 225 ch. Des carburateurs Weber et une boite de vitesses ZF à 5 rapports permettent à l’Alpine aux couleurs « bleu, blanc, rouge » d’attaquer les Hunaudières à plus de 250 km/h en pointe. Loin des meilleurs prototypes, du fait d’une puissance réduite. Mais logique car le règlement fixait le poids à 925kg, l’Alpine devenant bien plus lourde que les 800 kg mesurés lorsqu’elle était encore un prototype.
Pourtant, le travail est complet de la part de Bernard Decure et ses compagnons : suspensions revues avec triangles et barres de poussée à l’arrière, porte-moyeux à écrou central, nouveau réservoir de 88 litres, jantes Gotti sur-mesure. On note également des disques ventilés de Citroën CX et des pinces de freins ATE à 2 et 4 pistons. Au croisement de la voiture de série et du prototype, la voiture – qui ne possède pas de numéro de châssis – est la parfaite expression du Gran Tourisme Prototype.
Le Poisson Dieppois dans le grand bain du Mans
Surnommée le « Poisson Dieppois », l’Alpine A310 V6 doit ce doux patronyme au slogan qu’elle arbore : « Poisson Dieppois, poisson de choix ». A une époque ou les fabricants de cigarettes et autres marques d’alcool colonisaient souvent les espaces publicitaires disponibles sur les voitures, ce soutient semble improbable. Il part d’une blague entre amis avec Bernard Decure et Louis Gontier. Ils font réaliser une maquette avec le sponsor « Poisson Dieppois » (par Yves Legal) et présentent le tout à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Dieppe. Banco. Ils repartent avec 60 000 ou 70 000 francs, utilisés pour financer le projet.
Aux 24 Heures du Mans, la voiture se qualifie en 55e place avec un temps de 4’31’’1 et s’élance 54e, après l’éviction d’un concurrent. La voiture est partagée par Jean-Luc Thérier, Bernard Decure et Jacky Cauchy, alias « Cochise ». Un équipage 100% Normand. Bien que la vitesse de pointe manque, les pilotes découvrent une voiture agile, collée à la route et sûre. Une Alpine taillée pour la piste, fidèle aux premiers constatations de Mauro Bianchi en 1974 et 1975.
L’A310 V6 ne voit pas l’arrivée, à cause d’un collier sur le tube de refroidissement trop serré. Il a fait fuir le système. En rentrant (à la 17e heure de course) Jean-Luc Thérier a pensé à un problème moteur à cause de la surchauffe qu’il constatait, et la panne n’a pas été cherchée plus longtemps. Abandon à 6h47, alors que le moteur était intact ! La voiture était alors en 28e position…
En 1978, l’aventure des 24 Heures du Mans est une nouvelle fois tentée, avec un moteur amélioré. L’Alpine A310 adopte un bloc de 2 848 cm3 et 310 ch. La préparations se fait, notamment, en utilisant le banc d’essai d’Alpine. La voiture est désormais aux couleurs du sponsor Behar Électricité Moteur avec du bleu et du blanc. Hélas, la voiture ne parvient pas à se qualifier et est réserviste. Jusqu’au départ, l’espoir d’une nouvelle participation anime l’équipe (Bernard Decure, Guillaume de Saint Pierre, Denis Morin, Marcel Mignot) sans succès.
Conservée par son propriétaire durant 40 ans
Cette Alpine unique fut alors conservée par Bernard Decure jusqu’en 2017 jusqu’à ce qu’elle fut vendue par Ascott Collection a des collectionneurs Français. Véritable « Time Machine » cette alpine unique fut confiée à Yvan Mahé dont le l’atelier Equipe Europe a entrepris une restauration complète de la voiture. Cette restauration exemplaire n’a pas été intrusive et la patine de la carrosserie a été préservée alors que tous les organes mécaniques ont fait l’objet d’une restauration en profondeur. La révision du moteur a été confié à ORECA. La boite de vitesse, les trains roulants, les freins ont été restaurés. Un nouveau faisceau électrique a été fabriqué sur mesure. Un nouveau réservoir et un harnais aux normes ont complété le tout.
Le « Poisson Dieppois » fut prêt à temps pour le Mans Classic 2018 où elle n’a pas eu grande difficulté à être sélectionnées. Quarante et un ans après sa participation aux 24 heures du Mans, le « Poisson Dieppois » s’est élancé dans la mythique ligne droite des Hunaudières pour le plus grand plaisir de ses propriétaires et du public qui lui a réservé un accueil très chaleureux.
Les propriétaires qui sont des passionnés estiment avoir accomplis leur mission et ont fait le plaisir à Ascott Collection de nous confier la voiture à la vente. Elle offre l’opportunité d’acquérir une pièce unique de la marque Alpine qui est en plein renouveau.
Etant une Alpine unique au Monde, elle mérite de figurer dans les plus belles collections.
Crédit photos historiques : Luc Joly